dimanche 22 février 2009

Une fable : les trois frères

Ce que je vous propose aujourd'hui, n'est pas une nouvelle adaptation du film des Inconnus. C'est une fable. Une histoire simple pour vous aider à illustrer l'importance de l'articulation entre pratique, théorie et conseil.

Certains tenants exclusifs de la théorie ignorent superbement les apports empiriques de la pratique. Pour d'autres, anti-intellectuels militants, la théorie n'est qu'un boulet inutile qui les encombre et les empêche d'avancer.

Un troisième groupe, enfin, trouve dans une pratique réfléchie, nourrie d'apports théoriques et de conseils de professionnels, une voie plus ardue peut-être, mais plus complète, plus achevée.


Voici l'histoire


Trois frères profitent d'un bel après-midi pour faire du bateau. Ils lancent leur voilier sur la mer calme et accueillante. Une bonne brise les porte assez loin du rivage et ils apprécient tant la pureté du ciel bleu que la douce chaleur du soleil sur leur peau légèrement hâlée en ce début d'été.

Ils sont hors de vue du rivage lorsqu'un terrible orage les surprend. C'est une véritable tempête qui se lève à l'horizon et des vagues monstrueuses se déchainent contre la frêle embarcation.

Le bateau coule et les trois frères sautent à l'eau dans l'espoir d'échapper à leur terrible destin.

Le premier, Théophraste, est un intellectuel. Il a dévoré des tonnes de livres, c'est une véritable encyclopédie vivante. Il sait tout sur la natation, il a tout lu : manuels, mémoires de grands champions de natation, ouvrages médicaux sur la respiration, physiologie du nageur de haute mer... Sa prodigieuse mémoire rassemble pour lui tout ce que des années de lectures acharnées ont accumulé dans son cerveau brillant. Mais, malgré toute sa science, Théophraste coule, se débattant dans d'affreuses convulsions.




Le second, Théobald, est un manuel. Il déteste la lecture, les sciences, tous ces vieux barbons ennuyeux qui croient tout connaitre parce qu'ils ont tout lu. Il préfère la pratique. Il nage dans la piscine communale tous les dimanches. Il sait comment s'en sortir. Et c'est vrai qu'il nage comme un champion, luttant pied à pied contre des vagues gigantesques. Mais bientôt, épuisé par tant d'efforts, il succombe à une vague plus haute que les autres et coule à pic comme son frère.

Le troisième, Théodule, est un pragamatique. Il sait que rien ne sert de lire des tonnes d'ouvrages sur la natation sans jamais sauter dans la piscine. Mais il sait aussi que d'autres l'ont fait avant lui et donc peuvent lui donner des conseils techniques précieux. Il a tout lu sur la natation et tout mis en pratique sous l'oeil avisé de son maitre Théodore... Et, au terme d'un parcours éreintant, mettant en oeuvre des techniques de respiration et d'effort contrôlé, il parvient, épuisé mais vivant, sur une plage où des pêcheurs généreux viennent le secourir.



Cette petite histoire sans prétention littéraire peut illustrer bien des choses.

Par exemple, pour un formateur. Beaucoup de débutants croient tout trouver dans les livres ou les manuels : comment gérer un groupe, comment concevoir de nouvelles animations, comment former des adultes ou des adolescents...

Mais jamais ils ne se jettent dans la piscine... Entendez par là : jamais ils ne mettent en pratique.

D'autres ne croient qu'en la pratique. Ils se mettent à l'oeuvre tout de suite, sans jamais consulter un apport théorique, ni écouter les conseils d'un ancien. Ils réussissent parfois d'une manière éclatante, parce que, croient-ils, ils sont des pédagogues-nés. Mais, souvent, ils ne tiennent pas dans la durée. Ils s'essouflent au fil du temps, ne se renouvellent pas beaucoup et proposent à des participants lassés, toujours les mêmes vieilles recettes éculées.

Le dernier groupe est pragmatique. Ils sait que la pratique est essentielle, que seul la confrontation au réel validera leur savoir, leurs compétences, leurs attitudes. Mais ils savent aussi profiter des apports de la théorie, de la psychologie, des sciences humaines, des lnouvelles technologies. Ils sont toujours à l'affut du dernier outil qui leur permettra d'aller un pas plus loin, de la dernière hypothèse qui les aidera à comprendre les évolutions de leur public et à y répondre de manière efficace.

Nous pratiquons un métier difficile. Nous travaillons avec des publics en constante évolution, confrontés parfois à des problématiques sociales, économiques, familiales très dures. Nous progressons aussi dans un monde où les nouvelles technologies changent la donne sociale et les besoins pédagogiques à un rythme inconnu jusqu'alors...

Des échanges que j'ai régulièrement avec des collègues, de mes lectures, de mes investigations sur le Net ou dans la presse spécialisée, je déduis que je ne suis pas le seul confronté à ces réalités nouvelles et mouvantes.

Plus que jamais, nous devons renouveler nos méthodes, nos concepts et nos outils avec une acuité toujours plus fine.

C'est pourquoi, je vous propose de partager ici ces outils, ces concepts, ces méthodes.

A bientôt,

Marco.

Notez : toutes les photos qui illustrent cet article proviennent du site www.freefoto.com

Pour ceux qui veulent conserver ce texte ou le lire sous une forme plus facilement lisible : cliquez simplement sur les pages ci-dessous.



dimanche 15 février 2009

Casser la glace et créer du lien dans un groupe

Comment faire travailler ensemble des participants à une formation qui ne se sont jamais vus, donc ne se connaissent pas et osent à peine, pour certains d'entre eux, s'adresser la parole ?

Il existe bien entendu une catégorie d'exercices qui peuvent détendre l'atmosphère : ce sont les Ice Breakers (littéralement, les brise-glace).

Ils sont généralement appréciés des stagiaires qui y trouvent un réel plaisir et sont parfois déroutés par des animations qui sortent radicalement du cadre scolaire.

Ce que je trouve un peu dommage, dans les ice breakers, c'est que s'ils permettent une certaine détente et facilitent les premières minutes de communication, en revanche, au niveau pédagogique, ils n'apportent pas souvent grand chose...

C'est pourquoi j'ai imaginé de combiner un ice breaker classique avec un exercice d'expression afin, non seulement de prolonger le plaisir d'être ensemble et de se découvrir, mais surtout pour embrayer directement sur un travail de coopération et d'utilisation de diverses intelligences.

L'ice breaker est un grand classique, celui des dix points communs. Les participants sont répartis en groupes de 3 ou 4 et ont pour consigne de se trouver dix points communs en un temps donné, tout en évitant tout ce qui a trait au chômage, au travail, au lieu où l'on habite, les particularités physiques ou les vêtements...

Cela les oblige à se poser des questions qui balaient évidemment les champs des loisirs et de la vie privée ou familiale. Ils se découvrent des choses en commun et donc ont conscience de leurs ressemblances.

Au terme du temps imparti, l'animateur prévient qu'il va falloir mettre en commun, en grand groupe, les points communs découverts dans chaque sous-groupe. Généralement, les sous-groupes ont déjà désigné, de manière plus ou moins démocratique, celui ou celle (le plus souvent une fille, d'ailleurs) qui s'exprimera en leur nom...

C'est là qu'intervient la seconde technique : l'animateur annonce qu'il n'y aura pas d'orateur /oratrice, mais que chacun, au sein des sous-groupes, va devoir travailler. Les membres du groupe vont devoir exprimer leurs dix points communs en n'utilisant ni lettres, ni chiffres. Ils peuvent utiliser le dessin ou le mime.

Lorsque le poster est terminé (rares sont ceux qui veulent mimer, surtout à ce stade de construction du groupe), il est affiché et les membres des autres sous-groupes essaient de deviner ce que représentent les dessins du sous-groupe qui expose. Les membres de celui-ci ne disent rien. Ensuite, seulement, ils donnent la clé de leur oeuvre et répondent aux questions et aux commentaires. Ceux-ci sont généralement très drôles ce qui augmente l'efficacité du jeu en termes de team building et de réchauffement de l'atmosphère...



Chaque sous-groupe présente son chef d'oeuvre aux autres afin que tout le monde profite de l'exercice.

Outre qu'il donne d'excellent résultats en termes de brise-glace, l'exercice offre déjà aux participants l'occasion de travailler en coopération dès les premières minutes du stage ou de la formation mais aussi d'exercer leurs intelligences non-verbales. Le fait de travailler ensemble sur des interprétations non-verbales de leurs points communs renforce l'idée de ressemblance entre eux et instaure très tôt une dynamique de coopération dans le groupe.

La fiche technique complète de cet exercice figure ci-dessous. Publiée avec Issuu, cliquez dessus et vous pourrez la voir en taille réelle.






mardi 3 février 2009

Blogs et Young Coaching, c'est reparti ! Mais en duo, cette fois...


Oui, en duo, car deux groupes de formation à la recherche d'emploi pour jeunes de 18 à 25 ans vont redémarrer bientôt, un à Liège et l'autre à N
amur.

Lorsque j'ai lancé ce blog, il y a quelques mois, j'avais émis les postulats suivants
à propos de l'utilisation du blog en formation :

  1. C'est un outil simple et efficace de production et de partage d'information. Il ne nécessite aucune connaissance technique et permet de publier de l'info sous pratiquement n'importe quelle forme : texte, image, photos, vidéo, fichier audio (podcast).
  2. C'est un formidable outil de coopération et donc de construction de groupe : chacun peut publier et commenter le travail des autres. Chacun peut-être commenté par les autres. Tout le monde peut rechercher de l'info, en produire, en partager, etc. en grand groupe ou en sous-groupe.
  3. C'est un excellent moyen de publier ses travaux et ses résultats vers l'extérieur et donc, de donner d'un groupe d'apprenants une image moderne et active. Une communication évolutive et bon marché...

Qu'en est-il aujourd'hui et quelles conclusions en tirer (très provisoirement...) ?



1. C'est un outil simple de production et de partage d'information : je confirme. Des stagiaires qui n'avaient aucune familiarité avec l'outil "blog" et à peine quelques notions de surf sur Internet et mail, ont rédigé des billets en quelques minutes. Après quelques jours, ils postaient des vidéos et du podcast audio.



2. C'est un formidable outil de production et donc de construction de groupe. Ces aspects, dans le groupe de Liège 2008, ont été quasiment absents. C'est surtout en duo ou en trio que les choses ont fonctionné. Et les billets publiés par les stagiaires, à une exception près, concernaient leurs hobbies et passions plutôt que des contenus de formation...




Par contre, ce blog a généré une certaine émulation et quelques stagiaires ont créé leur propre blog. A ce sujet, il faut insister sur les règles de propriété intellectuelle et/ou commerciale et sur la netiquette. Cela ne se fait pas spontanément, loin s'en faut... Des stagiaires ont créé un blog sous le nom de l'institution ce qui n'a pas manqué de provoquer quelques réaction internes (très modérées, il est vrai).

3. C'est un vecteur de visibilité pour les stagiaires et l'nstitution. Ceci se confirme également. Les partenaires ont réagi plus que favorablement. Impressionnés, voire charmés par le dispositif, ils nous ont renvoyés des échos plus que positifs de cette expérience. Les stagiaires et l'institution en ont gagné en visibilité et en crédibilité. Bon marché, oui, car outre le prix de la connexion et de l'énergie utilisée, c'est surtout le temps qui coûte dans cette démarche.

Tout ceci peut être vérifié sur le site de Young Coaching Liège 2008.


Et l'avenir ?

Deux groupes de jeunes démarrent dans quelques semaines, dans deux provinces belges différentes, connaissant des contextes socio-économiques sensiblement divers, bien que les jeunes des deux groupes appartiennent à la même classe d'âge et à des milieux sociaux équivalents.

Ces deux groupes vont évoluer avec un léger décalage de quelques semaines. Ils vont suivre la même formation, avec le même coach et avec des outils similaires.

Je suis curieux de voir comment les ressemblances et les divergences entre les deux groupes vont se manifester à travers les blogs... Je vous en reparlerai dans quelques semaines, lorsque les blogs seront suffisamment alimentés pour en tirer quelques conclusions...

Je voudrais aussi utiliser ces blogs comme outils de communication entre deux groupes de jeunes qui vont vivre une aventure parallèle pendant quelques semaines. Ce serait intéressant que les deux groupes puissent échanger sur leurs expériences, leur ressenti par rapport à la formation, etc.

Et, qui sait, des liens pourront peut-être émerger de ces échanges et aboutir éventuellement sur une rencontre " physique" entre les deux groupes...

Je rendrai compte au fil des semaines de ces deux expériences que vous pouvez d'ores et déjà découvrir en primeur sur ces adresses :

http://ycn2009.blogspot.com/

http://ycl2009.blogspot.com/